hé bien pour moi, je constate que le télétravail implique de taffer moins que d’habitude, ou plutôt d’avancer plus lentement dans nos projets… mais le boulot se fait encore +° en réaction, donc dans l’urgence, donc dans la tension… et à distance, sans le contact avec les collègues, cette tension est difficile à gérer.
Certains jours, j’y vais mollo, d’autres je bourrine (jeudi : 9h - 16h30 sans même une pause déjeuner)
Maintenant, pour moi, taffer sur un ordi de salon, sans mobilier de bureau, sur une chaise en bois, c’est chaud… normalement, pour être bien, j’ai besoin de contact incessant avec collègues (là on doit avoir un rythme de 5h de visio par semaine), de mon PC à deux-écrans t d’un mobilier de bureau bien vaste… c’est donc très compliqué, et les enjeux sont évidemment énormes, dans un contexte où projets et réformes sont déjà très présents (même avant le confinement)
Et vu mon taf, vu le rôle de mon service dans l’université, d’une part on n’a pas le temps de s’emmerder, d’autre part… on va se faire atomiser pendant minimum 6 mois. Et cet établissement va payer cash sa désorganisation… bref, on (nous, mais probablement l’ensemble des collègues administratifs bossant dans la scolarité) risque de prendre, dès la seconde étape de cette crise, à peine sortis de ce qui aura été pour certains un micro-trauma, une surcharge de travail sans précédents… ainsi qu’une période de congés plus courte que jamais.
On commence donc gentiment à péter des piles par moments, chacun chez soi ou en visio entre collègues, en voyant tout ceci nous arriver pleine gueule… quasiment dans l’indifférence générale.
Bref, c’est juste à l’image de notre système socio-économique actuel…
Dans l’université, les moins bien payés, ceux moins dans le confort, ceux qui auront eu un confinement pas forcément facile, vont en prime prendre une méga-chiée dès le retour, et pendant longtemps… tandis que les plus aisés, ceux qui ont le meilleur confort, ceux pour qui le confinement se sera fait avec jardin et piscine, dont font partie nos enseignants, vont bénéficier tranquillou de leurs 2 mois de « congés » (guillemets, puisqu’un enseignant n’a pas de congés à déclarer… voire même quoi que ce soit à justifier s’il se dit malade ou en grève… belle la vie !), et revenir comme ils sont aujourd’hui : impatients, déconnectés de la vie de terrain, méprisants, caressés dans le sens du poil, protégés.
Bref, quant au confinement, il passe finalement pas trop mal je pense, parce que les moyens modernes nous permettent de conserver un tas de choses en statut actif (sur des plans culturels, sociaux, de losiirs, etc) parce que numériques.
C’est peut-être aussi pour ça que beaucoup, à commencer par les décideurs, semblent simplement appuyer sur pause, que le relâchement est aussi visible, que d’autres prennent tout ça à la légère, et que les questions qu’il faudrait se poser, et vite, sur nous, notre système, notre avenir, ne le seront probablement pas suffisamment…
Le même en 1994, on se serait moins marrés. Mais peut-être qu’on aurait plus appris.
Mon pessimisme est plus fort que jamais aujourd’hui, c’est cool !