J’avais hésité à aller voir “Bohemian Rhapsody”. Mais pour une fois, la Renfe gratifiait ses passagers d’un film présentable !
Normalement je fuis très vite ce genre de biographie romancée lacrympompe, farcie de grande musique richement mise en scène par une compagnie sans contrainte budgétaire, pour tous les publics. Mais ce ton correspond pas mal à ce qu’était Queen, si bien qu’un petit miracle s’opère et qu’on s’y accroche grâce à ce ton en accord avec le sujet.
En consultant après coup la fiche de Rami Malek, on comprend où il a pu puiser l’énergie pour sa grande performance d’acteur au plein sens du mot. Il restitue à Mercury une vraie personnalité bien plus ample que l’icône gay persécutée par une vilaine société rétrograde. Il semble du reste que le script voulait éviter ce piège béant du simple film engagé qui aurait réduit honteusement le sujet, même s’il en montre un peu plus qu’il n’aurait été accepté à une époque proche.
Même débarqué en cours de tournage, Synger fait ressembler Queen aux conspirateurs d’“Usual Suspects” ou “Walkyrie”, et Freddy Mercury à un bluffeur en chef plus touchant que Keyzer Söse ou que ce Stauffenberg désespérément impavide en Tom Cruise de jadis. C’est dommage que sa mise en scène manque toujours cruellement d’originalité, voilà le gros point faible.