Moi qui ne suis pas fan de séries, je me suis assez régalé avec “The New Pope”. Pie XIII étant dans le coma, un premier successeur au comportement fort imprévu disparaît opportunément très vite, laissant la place à un nouveau pape à la personnalité tout aussi intrigante, quoique bien différente. John Malkovich incarne ce Jean-Paul III venu d’Angleterre, inspiré du Cardinal Newman du XIXe siècle, tourmenté par des failles ressemblantes à celles de son écrasant prédécesseur. Beaucoup plus aimable et modéré, cherchant les meilleurs compromis tout en ménageant son indépendance et ses bizarreries de dandy dépressif, il s’attaque à l’aide de son éloquence certaine à tous les dossiers brûlants (scandales sexuels, terrorisme, idolâtres de Pie XIII, rébellion des religieuses, luttes de pouvoirs…) qu’il voit comme autant de conséquences de perversions de l’amour véritable (faisant ainsi écho à l’un des tous premiers films de Sorrentino).
Cette suite s’éloigne encore plus franchement de tout réalisme, dans un cadre désormais connu. Elle s’avère à mon sens nettement plus profonde même si elle est moins fascinante. L’humour est évacué principalement par le premier épisode ou des saynètes de pré-générique. La mise en scène somptueuse est l’atout maître : les reconstitutions à Cinecitta (si près du vrai Vatican !) sont parfaites, le mélange entre arts classique et Pop contemporain est au sommet, sous des symétries obsessives… mais il y a des scories : l’étalage accru de sexualité brute observé avec “Silvio…” est accentué, et les scènes de danse au générique deviennent usées même si l’esthétisme de départ se défend. La forte provocation de la première saison se retrouve, mais tout comme sous le règne du Jeune Pape les transgressions sont frôlées sans être jamais franchies… ou bien elles le sont par les terroristes.
Bien entendu on retrouve des personnages de la première saison, qui vont s’épaissir. Les femmes notamment, mais les petites soeurs grévistes resteront les plus sympathiques. On retrouve aussi les prélats, dont les parts d’ombre vont se nuancer au point que même le plus redoutable finit par apparaître beaucoup moins négativement, sans que son attitude ne change tellement. Orlandi est aussi notable dans cette performance que Malkovich comme aristo délicat et doux original, venu à son tour renouveler le job à sa façon. L’épilogue me paraît assez réussi sur le fond, réconciliant la justice avec la miséricorde, avant une scène qui fera rêver les mordus du mosh-pit.
Sorrentino serait partant pour une troisième saison (sans doute assez différente). Me too. En espérant toutefois qu’il ne sombre pas à terme dans le pur porno en costumes.