On a un peu oublié aujourd’hui Maurice Barrès, qui était l’un des auteurs littéraires les plus importants sous la IIIe république, apprécié très largement au-delà de ses engagements nationalistes. J’ai retrouvé dans la bibliothèque de feu mon oncle “La colline inspirée”, récit romancé à base authentique de l’apparition et la répression d’une petite secte hérétique formée par trois frères prêtres autour de la colline de Sion, en Lorraine, au XIXe siècle.
Barrès a trouvé les angles de vue donnant à l’histoire un certain intérêt, mais son style aujourd’hui désuet est trop souvent indigeste, gonflé d’emphase et de tremolos sur des chapitres entiers. Cela correspond cependant à l’esprit de son temps, une influence tardive du romantisme où les émotions causées par la nature et les lieux ont souvent une tournure spirituelle. Le succès de Barrès en son temps vient en partie de là. On peut aussi rapprocher cette oeuvre de la littérature régionale. Un Lorrain de nos jours appréciera sans doute mieux que d’autres, mais quiconque aime son pays peut comprendre au moins sur l’essentiel ce que l’auteur veut dire. Le mysticisme omniprésent est sans doute exacerbé par la confluence de sentiments à la limite du païen et de la tradition catholique dans laquelle cela reste pourtant inscrit. N’empêche que les bases profondes, la terre et les morts, ne sont pas exceptionnelles en fin de compte. Les phrases ampoulées n’exaltent que des élans plutôt simples. Peut-être qu’un fan de Black s’y retrouverait.
C’est fait, mais je ne suis pas sûr d’y revenir un jour.